Amanda Lear semble jouer un rôle radicalement différent au fil du temps. Elle incarne une figure artistique à la fois trompeusement insaisissable et incroyablement persévérante, avec une grâce légèrement provocante. Le fait que sa date de naissance, comprise entre 1939 et 1950, demeure un mystère volontairement ambigu, contribue à la légende de cette femme inclassable.

À partir des années 1960, Amanda noue des liens particulièrement étroits avec les groupes les plus novateurs de l’époque. Elle s’impose au cœur de l’avant-garde en devenant la muse de Salvador Dalí, stimulant et nourrissant un imaginaire visuel foisonnant. Leur relation artistique et personnelle s’étend sur près de deux décennies. « L’amante de Dalí » est un terme catalan que Dalí utilise pour jouer sur l’ambiguïté de son nom de scène.
Élément | Détail |
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Nom complet | Amanda Tapp (ou Tap) |
Nom de scène | Amanda Lear |
Date de naissance | 18 juin ou 18 novembre (1939, 1941, 1946 ou 1950 – selon les sources) |
Lieu de naissance | Saïgon, Indochine française (aujourd’hui Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam) |
Nationalité | Française |
Professions principales | Chanteuse, actrice, animatrice TV, peintre, ancienne mannequin |
Années d’activité | Depuis 1965 – toujours active |
Genres musicaux | Disco, pop, eurodance, new wave, jazz |
Albums les plus célèbres | Sweet Revenge, Never Trust a Pretty Face, Diamonds for Breakfast |
Plus grands succès | Blood and Honey, Queen of Chinatown, Follow Me |
Collaborations marquantes | Muse de Salvador Dalí, couverture de Roxy Music (1973) |
Vie personnelle | Icône LGBTQ+, réputée pour son mystère sur son genre et sa naissance |
Passion artistique | Peinture – exposée à Paris, Berlin, Milan, Shanghai |
Site officiel | www.amandalear.com |
Amanda Lear entretient volontairement cette ambiguïté. Selon certaines rumeurs, Dalí aurait financé une opération de changement de sexe par le Dr Georges Burou à Casablanca. Experte en stratégie médiatique, Amanda n’a jamais réfuté catégoriquement ces allégations, préférant recourir à un jeu de miroirs publicitaires pour les détourner. Elle a reconnu que, dans les années 1970, ces rumeurs visaient à attiser la curiosité, une tactique particulièrement efficace à une époque où le mystère était valorisé.
Les chansons « Blood and Honey » et « Tomorrow » de l’album « I Am a Photograph », sorti en 1977, se sont rapidement hissées au sommet des charts européens, lançant sa carrière musicale. Son esthétique disco flamboyante et sa voix rauque et sensuelle lui ont permis de dominer la scène internationale, notamment en Allemagne, en Italie et en Scandinavie. Son statut de pop star incontournable a été consolidé en 1978 avec la sortie de son album à succès « Sweet Revenge ».
Dans les années 1980, Amanda s’est également imposée à la télévision italienne. Elle a continué à enregistrer des albums, réinterprétant fréquemment ses plus grands succès avec des sonorités plus modernes, et est devenue une figure familière des foyers italiens en animant des émissions de prime time comme Premiatissima et W le Donne. Sa polyvalence artistique est particulièrement remarquable ; elle passe avec aisance du disco à la chanson française, du cabaret à l’électropop, sans jamais perdre son génie.
Amanda Lear s’est également imposée dans le monde des arts visuels. Elle y peint depuis les années 1970 et le considère comme son jardin secret et son havre de paix. Ses peintures, exposées à Paris, Berlin, Milan et même Shanghai, s’inscrivent dans un style personnel mêlant introspection, symbolisme surréaliste et figures oniriques. Elle affirme souvent que la seule activité à laquelle elle ne participe pas est la peinture.
Elle a écrit plusieurs livres autobiographiques, dont le célèbre Ma vie avec Dalí, dans lequel elle décrit ses années auprès du maître catalan avec vivacité et ironie. Ce livre, particulièrement apprécié pour sa franchise et ses anecdotes croustillantes, dévoile une facette moins connue d’Amanda : celle d’une critique perspicace et intelligente des singularités artistiques du siècle précédent.
Amanda s’est tournée vers le théâtre dans les années 2000. Elle a interprété des rôles souvent écrits sur mesure, alliant provocation, élégance et ironie, avec une assurance rare. Son apparence, inchangée au fil des ans, suscite émerveillement et admiration. En plus d’inspirer les jeunes générations et d’être un exemple de longévité artistique, elle est devenue une icône pour la communauté LGBTQ+, qui a salué sa liberté d’expression et son combat contre les stéréotypes.
La controverse autour de son identité et de sa naissance a été ravivée plus récemment par le documentaire de HBO « Enigma », réalisé par Zackary Drucker. Bien que présenté comme un hommage, Amanda, qui n’a pas été consultée, a vivement critiqué le film, le qualifiant de « dramat sans fondement ». Ce projet soulève une question particulièrement délicate : pour une personnalité aussi puissante que Lear, où s’arrête le droit à la vie privée et où commence le droit à la recherche ?
Avec la même vigueur qu’auparavant, Amanda Lear réagit en revendiquant son identité de femme libre, contemporaine et incroyablement créative, en contrôlant son image et en rejetant les stéréotypes préfabriqués. Son objectif est de reprendre le contrôle de l’histoire, non de la modifier. À une époque où elle est constamment exposée, c’est une leçon de souveraineté.
Pour ceux qui la réduisent à une rumeur, sa carrière – qui compte plus de 27 millions d’albums vendus, des tableaux accrochés aux murs des plus grandes galeries et des apparitions télévisées cultes – offre une réponse particulièrement élégante. Amanda Lear n’a jamais cessé de surprendre, de transgresser les règles et de mêler scandale et style.