Après plusieurs mois de déclin important, Bernard Lacombe, atteint de la maladie d’Alzheimer, s’est éteint à l’âge de 72 ans. Son héritage dépasse le football et sa disparition a suscité une vive émotion au sein du monde sportif français. Plus qu’un buteur exceptionnel, il était un homme de club, un bâtisseur de génération et une voix discrète mais influente, dans les coulisses de la réussite.

Lacombe, né en 1952 dans une petite ville du Rhône, a baigné dans le football de cour d’école durant son enfance. Lorsqu’il a rejoint l’Olympique Lyonnais, l’équipe était une force mineure en championnat. Cependant, les entraîneurs ont été immédiatement impressionnés par sa précision et son efficacité. Il était rapide, intuitif et toujours au bon endroit.
Bernard Lacombe : Informations personnelles et carrière
Élément | Détail |
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Nom complet | Bernard Lacombe |
Date de naissance | 15 août 1952 |
Lieu de naissance | Villefranche-sur-Saône, France |
Décès | 17 juin 2025 |
Âge au décès | 72 ans |
Clubs principaux | Olympique Lyonnais, AS Saint-Étienne, Girondins de Bordeaux |
Équipe nationale | 38 sélections en Équipe de France |
Poste | Attaquant |
Trophées | 3 titres de Ligue 1, 2 Coupes de France, Champion d’Europe 1984 |
Après-carrière | Entraîneur, Conseiller sportif, Directeur sportif à l’Olympique Lyonnais |
Cause du décès | Maladie d’Alzheimer |
Lacombe a brièvement joué pour les Verts, rivaux historiques de Lyon, avant de rejoindre Bordeaux en 1979. Ce choix, audacieux à l’époque, s’est avéré particulièrement avantageux. Il est devenu un membre essentiel de cette génération dorée avec les Girondins, remportant trois titres et deux coupes. Il n’était pas spectaculaire sur le terrain, mais il était très productif. Ses coups de tête, notamment, étaient d’une précision extrême, ce qui devient rare dans le football contemporain.
1984 est toujours considéré comme l’apogée de sa carrière. Aux côtés de Michel Platini, Luis Fernandez et Alain Giresse, il faisait partie de l’équipe de France victorieuse de l’Euro. Sa discipline, son esprit d’équipe et sa présence au sein du groupe étaient inestimables, même s’il n’était pas toujours titulaire. Il était le type de joueur dont l’équipe avait besoin : un travailleur discret qui maintenait l’équilibre.
Lacombe n’a jamais quitté son club de cœur après avoir raccroché les crampons. Il a rejoint Jean-Michel Aulas comme entraîneur, puis comme directeur sportif, contribuant ainsi à mener Lyon vers une période de suprématie. L’OL a remporté sept titres consécutifs entre 2002 et 2008. Lacombe a contribué à établir ce record en attirant des joueurs comme Hatem Ben Arfa, Benzema et Juninho. Outre son talent de détective, il était doué pour la persuasion, l’encouragement et la défense.
Un autre aspect de son charme résidait dans sa franchise. Il savait exprimer ses idées avec une simplicité désarmante, sans retenue et souvent acerbe dans ses interviews. Pour beaucoup, Bernard Lacombe représentait une époque où la loyauté, le travail acharné et la passion étaient encore des éléments clés du football. Il brillait par sa régularité plutôt que par son désir d’attirer l’attention.
Diagnostiqué d’Alzheimer en 2024, il s’est progressivement désengagé de la vie quotidienne. RMC Sport affirme que ses derniers mois ont été atroces. Après des pertes de mémoire apparues au volant, les problèmes se sont aggravés et ont finalement conduit à une perte de poids remarquable de 35 kg. La gravité de son combat est illustrée par les témoignages poignants de ses anciens coéquipiers, dont Alain Giresse. Deux semaines avant sa disparition, je l’ai vu. Il était déjà loin. Il m’a confié : « La vie semblait m’avoir quitté, mais mes yeux brillaient encore. »
Un autre personnage de l’épopée de 1984, Luis Fernandez, a décrit une perte rendue plus difficile par la prise de conscience que « 72 ans, c’est jeune ». Il a souligné l’importance que les joueurs, le staff et les supporters accordaient à Bernard.
L’Olympique Lyonnais lui rendra un hommage mérité. Ses obsèques religieuses auront lieu à Fontaines-sur-Saône le 25 juin et un espace commémoratif au Groupama Stadium a été annoncé. Fidèle à la modestie de Bernard, la famille souhaite une cérémonie privée. Cependant, jeunes joueurs, anciens membres du club et ceux qui ont grandi avec ses objectifs lui rendront hommage chacun à leur manière dans les tribunes.
Le débat sur le bien-être psychologique et neurologique des anciens athlètes a également été relancé par sa disparition. Le lien entre maladies dégénératives et chocs répétés à la tête est de plus en plus remis en question par les chercheurs. Bernard Lacombe n’est pas le premier. Il n’y a qu’une seule personne à endurer une condition aussi cruelle en silence, et il n’est probablement pas le dernier. L’industrie du sport, encore trop discrète, devrait réagir à cette réalité en la sensibilisant au public.
On redécouvre, en visionnant les images d’archives, un homme simple, généreux, constamment soucieux des autres. Un homme capable de guider des générations entières par sa clarté et son sang-froid. Son influence sur le football français est indéniable, malgré son absence de visibilité publique. Il a participé en coulisses à la structuration du centre de formation lyonnais, à la professionnalisation du recrutement et à la promotion d’une culture d’excellence.
Ceux qu’il a encadrés perpétuent également son héritage. Karim Benzema, par exemple, n’a jamais oublié l’homme qui l’a persuadé de rester concentré et d’éviter un épuisement prématuré. Interrogé sur ses années de formation en France, Juninho cite souvent Lacombe comme un pilier. Ces témoignages démontrent que l’homme était tout aussi important que le joueur.